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CHANT CINQUIÈME

��Des prédicants les âmes réjouies Rendaient à Dieu des grftces infinies' Sincèrement du mal qu'on avait fait : Le cœur d'un prêtre est toujours satisfait Si les plaisirs que son rabbat condamne Sont enlevés au séculier profane. Qu'arriva-t-il ? Le désordre s'accrut Quand de ces lieux le plaisir disparut. Mieux qu'un sermon l'aimable comédie - Instruit les gens, les rapproche, les lie : Voilà pourquoi la discorde en tout temps Pour son séjour a choisi les couvents. Les deux partis, plus fous qu'à l'ordinaire, S'allaient gourmer, n'ayant plus rien à faire ; Et tous les soins du ministre de paix Dans la cité sont perdus désormais : Mille horlogers', de qui les mains habiles Savaient guider leurs aiguilles dociles, D'un acier fin régler les mouvements, Marquer l'espace, et diviser le temps,

1. Expression si familière à l'un d'entre eux que, l'ayant répétée vingt fois dans un sermon, un de ses parents lui dit : « Je te rends des grâces infinies d'avoir fini. » (Note de Voltaire, 1708.)

2. Voltaire dit dans son conte les Trois Manières (voyez tome X, page 30) :

Le théâtre instruit mieux que ne fait un gros livre.

3. Genève fait un commerce de montres qui va par année à plus d'un million. Les horlogers ne sont pas des artisans ordinaires; ce sont, comme l'a dit l'auteur du Siècle de Louis XIV, des physiciens de pratique. Les Graham et les Le Roy ont joui d'une grande considération; et M. Le Roy d'aujourd'hui est un des plus habiles mécaniciens de l'Europe. Les grands mécaniciens sont aux simples géomètres ce qu'un grand poëte est à un grammairien. [Note de Voltaire, 1768.)

— C'est dans sa liste des Artistes célèbres que Voltaire appelle les horlogers dos physiciens de pratique, (B.)

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