Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome9.djvu/554

Cette page n’a pas encore été corrigée

)44 LA GUERRE CIVILE DE GENEVE.

Ayons tous deux la vertu d'Érostrate ^ ; Ainsi que lui méritons un grand nom. Vous connaissez la noble ambition ; Le grand vous plaît, et la gloire vous flatte : Prenons ce soir en secret un brandon. En vain les sots diront que c'est un crime : Dans ce bas monde il n'est ni bien ni mal ; Aux vrais savants tout doit sembler égal. Bâtir est beau, mais détruire est sublime. Brûlons théâtre, actrice, acteur, souffleur, Et spectateur, et notre ambassadeur. »

Le lourd Brognon crut entendre un prophète, (Irnt contempler l'ange exterminateur Qui fait sonner sa fatale trompette Au dernier jour, au grand jour du Seigneur.

Pour accomplir ce projet de détruire. Pour réussir, Vachine doit s'armer; Sans toi, Bacchus, peut-on chanter et rire? Sans toi, Vénus, peut-on savoir aimer? Sans toi, Vachine, on n'est pas sûr de nuire. Ils font venir la vieille à leur taudis. La gaupe arrive, et de ses mains crochues. Que de l'enfer les chiens avaient mordues. Forme un gâteau de matières fondues Qui brûleraient les murs du paradis. Pour en répandre au loin les étincelles Vachine a pris (je ne puis décemment Dire en quel lieu, mais le lecteur m'entend) Un tas pourri de brochures nouvelles, Vers de Le Brun morts aussitôt que nés-, Longs mandements dans le Puy confinés ',

��1. Érostrate brûla, dit-on, le temple d'Éphèse pour se faire de la réputation. (.Yo^e de Voltaire, 1708.)

2. Nous ne savons pas qui est ce Le Brun. II y a tant de plats poètes connus deux jours à Paris, et ignorés ensuite pour jamais! {Note de Voltaire.)

— Les éditions de 1708, 1772, 1777, portaient dans le texte Brunet au lieu do Le Brun. J'ai même vu une édition où il était dit en note : « Il (Brunot) a fait les Noms changés, comédie qui eut quelque succès. » Un nommé Brunet fit en effet jouer, en 1758, au Théâtre-Français, une comédie en trois actes, intitulée les Noms changés; mais la cinquième des notes de Voltaire lui-même sur son Épitre à d'Alembert, qui est de 1771 (voyez tome X), prouve que c'est de Le Brun (Ponce- Denis Écouchard) que Voltaire a voulu parler sous le nom de Brunet. (B.)

3. C'est apparemment un mandement de l'évoque du Puy-cn-Velay, qui, adros-

��I

��,.

��I

�� �