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CHANT II. 531

Les bons bourgeois, au rivage assemblés, Suivaient de l'œil ce couple si fidèle ; On n'entendait que les cris redoublés De liberté, de Catin, de Covelle.

Parmi la foule il était un savant Qui sur ce cas rêv^t profondément, Et qui tirait un fd^iiauvais présage De ce tumulte et cl^ce beau voyage. « Messieurs, dit-il, je suis vieux, et j'ai vu Dans ce pays bon nombre de sottises ; Je fus soldat, prédicant, et cocu ; Je fus témoin des plus terribles crises ; Mon bisaïeul a vu mourir Calvin : J'aime Covelle, et surtout sa Catin ; Elle est charmante, et je sais qu'elle brille Par son esprit comme par ses attraits ; Mais, croyez-moi, si vous aimez la paix, Allez souper avec madame Oudrille. »

Notre savant, ayant ainsi parlé. Fut du public impudemment sifflé. Il n'en tint compte ; il répétait sans cesse, « Madame Oudrille... » On l'entoure, on le presse; Chacun riait des discours du barbon : Et cependant lui seul avait raison.

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