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bU POSTSCRIPTS.

��TROISIÈME POSTCRIPT.

��AU MKME,

��Je ne veux pas vous ruiner non plus. J'apprends que vous iniprimoz' mes fadaises h\-k°, comme un ouvrage de bénédictin, avec estampes, fleurons, et point de culs-de-lampe. De quoi vous avisez-vous? on aime assez les estampes dans ce siècle; mais pour les gros recueils, personne ne les lit. Ne faites-vous pas quelquefois réflexion à la multitude innombrable de livres qu'on imprime tous les jours en Europe? les plaines de Beauce ne pourraient pas les contenir. Et n'était le grand usage qu'on en fait dans votre ville au liant des maisons, il y aurait mille fois plus de livres que de gens qui ne savent pas lire. La rage de mettre du noir sur du blanc, comme dit Sady; \e ScribciuH cacoelhcs^, comme dit Horace, est une maladie dont j'ai été attaqué, et dont je veux absolument me guérir : tâchez de vous défaire de celle d'imprimer. Tenez- vous-en au moins, en fait de belles-lettres, au siècle de Louis XIV.

M. d'Aquin, que j'aime et que j'estime ^ a célébré, à mon exemple, le siècle présent comme j'ai broché le passé : il a fait un relevé des grands hommes d'aujourd'hui. On y trouve dix-huit maîtres d'orgues et quinze joueurs de violons. M"" Petit-Pas, M" Pélissier, M"" Chevalier, M, Gahusac, plusieurs basses-tailles, quelques hautes-contre, neuf danseurs, autant de danseuses. Tous ces talents sont fort agréables, et les jeunes gens comme moi en sont fort épris. Mais peut-être le siècle des Condé, des Turenne, des Luxembourg, des Golbert, des Féuelon, des Bossuet, des Corneille, des Racine, des Boileau, des Molière, des La Fon- taine, avait-il quelque chose de plus imposant. Je puis me tromper; je me défle toujours de mon opinion, et je m'en rapporte à M. d'Aquin.

4. L'édition in-4" des OEuvres de Voltaire, entreprise par Panckoucke, était en trente volumes, 1708-1777, On imprima, en 179G, quinze volumes de supplément; ce qui la porte à quarante-cinq volumes. (B.)

2. Le Scribendi cacoethes n'est pas d'Horace, mais de Juvénal, satire vu', Y. 52. (B.)

3. D'Aquin de Chàteaulyon avait donne, en 1752, des Lettres sur les hommes célèbres... sous le règne de Louis XV : c'est lui qui avait été éditeur du Porte- feuille troufé, dont j'ai parle tome Y du Théâtre, page 337. (B.)

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