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I

��PROLOGUE. 511

Nous avons suivi la nouvelle orthographe mitigée qui retranche les lettres inutiles, en conservant celles qui marquent l'étymo- logie des mots. Il nous a paru prodigieusement ridicule d'écrire françois, de ne pas distinguer les Français de saint François d'Assise; de ne pas écrire anglais et écossais })ar un a, comme on ortho- graphie portugais. 11 nous semble palpable que quand on pro- nonce /o/mrt/s, je faisais, je plaisais, avec un a, comme on prononce je hais, je fais, je plais, il est tout à fait impertinent de ne pas mettre un a k tous ces mots, et de ne pas orthographier de même ce qu'on prononce absolument de même.

S'il y a des imprimeurs qui suivent encore l'ancienne routine, c'est qu'ils composent avec la main plus qu'avec la tête. Pour moi, quand je vois un livre où le mot Français est imprimé avec un 0, j'avertis l'auteur que je jette là le livre, et que je ne le lis point.

J'en dis autant à Le Breton, imprimeur de VAlmanach royal: je ne lui payerai point l'almanach qu'il m'a vendu cette année. Il a eu la grossièreté de dire que M. le président... M. le conseiller... demeure dans le cul-de-sac de Ménard, dans le cul-de-sac des Blancs-Manteaux, dans le cul-dc-sac de l'Orangerie. Jusqu'à quand les Welches croupiront-ils dans leur ancienne barbarie ?

Hodieque manoiit vestigia ruris^.

Comment peut-on dire qu'un grave président demeure dans un cul? passe encore pour Fréron, on peut habiter dans le lieu de sa naissance-; mais un président, un conseiller! fi,

1. Horace, livre II, ép. i, vers 160.

2. Vo3ez le Pauvre Diable, ouvrage en vers aises de feu mon cousin Vadé.

Je m'accostai d'un Viomme à lourde mine. Qui sur sa plume a fondé sa cuisine, Grand écumeur des bourbiers d'Hélicon, De Loyola chassé pour ses fredaines. Vermisseau né du cul de Desfontaines, Di^ne en tout sens de son extraction, Lâche Zoïle, autrefois laid giton : Cet animal se nommait Jean Fréron.

J'étais tout neuf; j'étais jeune, sincère, Et j'ignorais son naturel félon : Je m'engageai, sous l'espoir d'un salaire, A travailler à son hebdomadaire, Qu'aucuns nommaient alors patibulaire : Il m'enseigna comment on dépeçait Un livre entier, comme on le recousait, Comme on jugeait du tout par la préface, Comme on louait un sot auteur en place, Comme on fondait avec lourde roideur Sur l'écrivain pauvre et sans protecteur.

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