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POËME SUR LA LOI NATURELLE.

Là, le froid hollandais devient impétueux,
Il déchire en morceaux deux frères vertueux[1] :
Plus loin la Brinvilliers, dévote avec tendresse,
Empoisonne son père en courant à confesse ;
Sous le fer du méchant le juste est abattu.
Eh bien ! conclurez-vous qu’il n’est point de vertu ?
Quand des vents du midi les funestes haleines
De semences de mort ont inondé nos plaines,
Direz-vous que jamais le ciel en son courroux
Ne laissa la santé séjourner parmi nous ?
Tous les divers fléaux dont le poids nous accable,
Du choc des éléments effet inévitable,
Des biens que nous goûtons corrompent la douceur ;
Mais tout est passager, le crime et le malheur :
De nos désirs fougueux la tempête fatale
Laisse au fond de nos cœurs la règle et la morale.
C’est une source pure : en vain dans ses canaux

  1. Les deux frères de Witt.