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AVERTISSEMENT POUR LA LOI NATURELLE

Dans le poëme sur le Désastre de Lisbonne[1] M. de Voltaire attaque l’opinion que tout est bien, opinion très répandue au commencement de ce siècle, parmi les philosophes d’Angleterre et d’Allemagne. La question de l’origine du mal a été insoluble jusqu’ici, et le sera toujours. En effet le mal, tel qu’il existe à notre égard, est une suite nécessaire de l’ordre du monde ; mais pour savoir si un autre ordre était possible, il faudrait connaître le système entier de celui qui existe. D’ailleurs, en réfléchissant sur la manière dont nous acquérons nos idées, il est aisé de voir que nous ne pouvons en avoir aucune de la possibilité prise en général, puisque notre idée de possibilité, relative à des objets réels, ne se forme que d’après l’observation des faits existants.

  1. Le tremblement de terre de Lisbonne est du 1er novembre 1755 ; mais Voltaire n’en eut la certitude qu’à la fin du mois (voyez ses lettres à M. Bertrand, des 28 et 30 novembre). On peut croire qu’il avait déjà conçu l’idée de son poëme ; mais il en parle pour la première fois dans sa lettre à d’Argental, du 8 janvier 1756. Il l’y appelle son Sermon. Dans une lettre à Thieriot, du 12 avril 1756, il l’appelle ses Lamentations de Jérémie. L’ouvrage circulait à Paris dès le mois de janvier, et Voltaire voulait l’attribuer à un P. Liébaut ou Liébaud (voyez lettres à Gauffecourt, du 29 janvier 1756 ; à Thieriot, du 29 février). Le Journal encyclopédique du 15 février 1756 parle d’une Épître sur la ruine de Lisbonne, qu’on attribuait à Voltaire, mais qui paraît être de Ximenès. Cette épître, qui n’a que trente-six vers, est imprimée dans la Correspondance de Grimm, au 15 janvier 1756. On imprima dans le Journal encyclopédique, du 1er avril 1756, une Réponse à M. de V..., ou Défense de l’axiome Tout est bien. Cette Réponse en cent soixante-quatre vers est réimprimée à la suite d’une édition du Poëme de M. de Voltaire, 1756, in-8o de 16 pages.

    Je dois aussi parler du Poëme sur le tremblement de terre de Constantinople, par un garçon perruquier, ci-devant attaché à la boutique de M. André, Amsterdam, 1766, in-8o de 15 pages. Un perruquier, nommé Charles André, né à Langres en 1722, s’étant laissé persuader qu’il était poëte, avait publié le Tremblement de terre de Lisbonne, tragédie en cinq actes et en vers, 1755 (1756), in-8o, dédiée à l’illustre et célèbre poëte M. de Voltaire, qu’il appelle monsieur et cher confrère. Le principal auteur de cette tragédie est Lasalle-Dampierre, l’une des pratiques d’André ; quelques personnes l’attribuent aussi à Pâris de Maizieux. On ne sait quelle est la personne qui a publié le poëme sur le Tremblement de terre de Constantinople, qu’on essaye en deux ou trois endroits de tourner en ridicule. Dans sa lettre à d’Alembert, du 30 juillet 1766, Voltaire parle d’un tremblement de terre à Constantinople.