Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome9.djvu/441

Cette page n’a pas encore été corrigée

[b5' SUR LES ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1744. 431

(Ihantant au pied du trône, en égalaient la gloire.

Que nous dégénérons de ce temps si chéri !

L'éclat du trône augmente, et le nôtre est (létri.

ma prose et mes vers, gardez-vous de paraître !

11 est dur d'ennuyer son liéros et son maître.

Cependant nous avons la noble vanité

De mener les héros à l'immortalité.

Nous nous trompons beaucoup; un roi juste et qu'on aime

Va sans nous à la gloire, et dpit tout à lui-même :

Chaque âge le ])énit; le vieillard expirant'

De ce prince à son fils lait l'éloge en pleurant;

Le fils, éternisant des images si chères,

Raconte à ses neveux le bonheur de leurs pères;

Et ce nom dont la terre aime à s'entretenir

Est porté par l'amour aux siècles à venir.

Si pourtant, ô grand roi, quelque esprit moins vulgaire.

Des vœux de tout un peuple interprète sincère,

S'élevant jusqu'à vous par le grand art des vers.

Osait, sans vous flatter, vous peindre à l'univers.

Peut-être on vous verrait, séduit par l'harmonie.

Pardonner à l'éloge en faveur du génie ;

Peut-être d'un regard le Parnasse excité

De son lustre terni reprendrait la beauté.

L'œil du maître peut tout; c'est lui qui rend la vie

Au mérite expirant sous la dent de fenvie ;

C'est lui dont les rayons ont cent fois éclairé

Le modeste talent dans la foule ignoré.

Un roi qui sait régner nous fait ce que nous sommes;

Les regards d'un héros produisent les grands hommes.

"1. Ce vers et los cinq qui le suivent sont déjà presque textuellement dans une Épttre au duc d'Orléans, qui est de 171G. (B.)

�� �