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SUR LES ÉVÉNEMENTS

DE L'ANNÉE llhli'

��(( Quoi ! verrai-jc toujours des sottises en France? » Disait, l'hiver dernier, d'un ton plein d'importance, Timon, qui, du passé profond admirateur, Du présent, qu'il ignore, est l'éternel frondeur. « Pourquoi, s'écriait-il, le roi va-t-il en Flandre? Quelle étrange vertu qui s'obstine à défendre Les débris dangereux du trône des césars Contre l'or des Anglais et le fer des lioussards ! Dans le jeune Conti quel excès de folie D'escalader les monts qui gardent l'Italie, Et d'attaquer vers Nice un roi victorieux, Sur ces sommets glacés dont le front touche aux cieux ! Pour franchir ces amas de neiges éternelles. Dédale à cet Icare a-t-il prêté ses ailes? A-t-il reçu du moins, dans son dessein fatal. Pour briser les rochers, le secret d'Annibal ? »

Il parle, et Conti vole. Une ardente jeunesse. Voyant peu les dangers que voit trop la vieillesse, Se précipite en foule autour de son héros. Du Var qui s'épouvante on traverse les flots ; De torrents en rochers, de montagne en abîme, Des Alpes en courroux on assiège la cime ; On y brave la foudre ; on voit de tous côtés Et la nature, et l'art, et l'ennemi domptés. Conti, qu'on censurait, et que l'univers loue, Est un autre Annibal qui n'a point de Capoue. Critiques orgueilleux, frondeurs, en est-ce assez ?

1, Ce poëme a été imprimé dans le Mercure de novembre 17i4. p. 59.

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