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CINQUIÈME DISCOURS.

��SUR LA NATURE DU PLAISIR'. f

Jusqu'à quand verrons-nous ce rêveur fanatique Fermer le ciel au monde, et d'un ton despotique Damnant le genre humain, qu'il prétend convertir, Nous prêcher la vertu pour la faire haïr- ? Sur les pas de Calvin, ce fou sombre et sévère Croit que Dieu, comme lui, n'agit qu'avec colère. Je crois voir d'un tyran le ministre abhorré, D'esclaves qu'il a faits tristement entouré. Dictant d'un air hideux ses volontés sinistres. Je cherche un roi plus doux, et de plus doux ministres. Timon se croit parfait depuis qu'il n'aime rien : Il faut que l'on soit liomme avant d'être chrétien. Je suis homme, et d'un Dieu je chéris la clémence. Mortels, venez à lui, mais par reconnaissance. La nature, attentive à remplir vos désirs. Vous appelle à ce Dieu par la voix des plaisirs. Nul encor n'a chanté sa bonté tout entière : Par le seul mouvement il conduit la matière ; Mais c'est par le plaisir qu'il conduit les humains ^ Sentez du moins les dons prodigués par ses mains.

1. Cotte pièce est uniquement fondée sur l'impossibilité où est l'homme d'avoir des sensations par lui-même. Tout sentiment prouve un Dieu, et tout sentiment agréable prouve un Dieu bienfaisant. {Note de Voltaire, 1742.)

2. Dans la Mort de César (acte II, scène i*'), Antoine dit à Brutus :

Et ton farouche orgueil, que rien ne peut fléchir, Embrassa la vertu pour la faire haïr.

3. Dans un des couplets du vaudeville du Mariage de Figaro, Beaumarchais a dit :

Ainsi la naturo sage

Nous conduit, dans nos désirs,

A son but par les plaisirs.

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