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LE POUR ET LE CONTRE[1]

À MADAME DE RUPELMONDE


(1722)


Tu veux donc, belle Uranie,
Qu’érigé par ton ordre en Lucrèce nouveau,
Devant toi, d’une main hardie,
Aux superstitions j’arrache le bandeau ;

  1. On a attribué cet ouvrage à l’abbé de Chaulieu, parce qu’il y a en effet quelque ressemblance entre cette pièce et celle du Déiste, qui commence par ces mots :

    J’ai vu de près le Styx, j’ai vu les Euménides.
    Déjà venaient frapper mes oreilles timides
    Les affreux cris du chien de l’empire des morts.

    (Note de Voltaire, 1775.)

    — Intitulée d’abord Épître à Julie, cette pièce doit être de 1722, époque du voyage de Voltaire à Bruxelles et en Hollande avec Mme de Rupelmonde. J.-B. Rousseau, à qui Voltaire la récita, dit, dans une lettre du 22 mai 1730, en avoir été scandalisé au point d’interrompre l’auteur qui lui en faisait la lecture. À en croire Rousseau, ce fut l’origine de la brouille entre les deux poëtes. Voltaire lui donne une autre cause. Il raconte que Rousseau lui ayant montré son Ode à la Postérité : « Mon ami, dit Voltaire, voilà une lettre qui ne sera jamais reçue à son adresse. »

    L’Épître à Uranie fut imprimée, pour la première fois, dix ans après avoir été composée. Tanevot fit alors paraître quelques vers intitulés À l’auteur de l’Épître à Uranie. Ils sont précédés d’une lettre à l’abbé Bignon, du 8 mars 1732.

    C’est en 1772 que l’Épître à Uranie a été admise, pour la première fois, dans les Œuvres de Voltaire (tome XII des Nouveaux Mélanges, pages 309-313). Elle fut reproduite, en 1775, dans le t. XVII, p. 239-243, mais sous ce titre : le Pour et le Contre.

    Cependant je dois dire que dans une édition de 1764, qui porte l’adresse d’Amsterdam (que je crois de Rouen), on a imprimé au tome XIII l’Épître à Uranie. Mais Voltaire était entièrement étranger à cette édition, mauvaise et curieuse tout à la fois.

    Outre la pièce de Tanevot, qui est dans les Poésies diverses de cet auteur, il a paru : I. la Religion défendue, poëme contre l’Épître à Uranie, 1733, in-8o ; l’auteur est Fr.-Michel-Chrétien Deschamps, né près de Troyes en 1083, mort le 10 novembre 1747 ; II. l’Anti-Uranie, ou le Déisme comparé au christianisme, épîtres à M. de Voltaire, suivies de réflexions critiques sur plusieurs ouvrages de ce célèbre auteur, par le P. B. C. (le P. Bonhomme, cordelier), 1763, in-8o de 127 pages. J.-C. Courtalon-Delaistre est auteur de l’Êpître à l’auteur de l’Anti-Uranie, Troyes, 1765), in-8o.

    J’ai suivi, pour le texte, les éditions de Kehl, qui avaient reproduit le texte de 1775 ; mais j’ai recueilli les variantes de 1772, etc. (B.)