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Jeanne prenant ce ton mâle et terrible,
Organe heureux d’un courage invincible,
Dit : " Ce n’est point par des gémissements,
Par des sanglots, par des cris, par des larmes,
Qu’il faut venger ces deux nobles amants :
C’est par le sang : prenons demain les armes.
Voyez, ô roi, ces remparts d’Orléans,
Tristes remparts que l’Anglais environne.
Les champs voisins sont encor tout fumants
Du sang versé que vous-même en personne
Fîtes couler de vos royales mains.
Préparons-nous ; suivez vos grands desseins :
C’est ce qu’on doit à l’ombre ensanglantée
De La Trimouille et de sa Dorothée :
Un roi doit vaincre, et non pas soupirer.
Charmante Agnès, cessez de vous livrer
Aux mouvements d’une âme douce et bonne.
A son amant Agnès doit inspirer
Des sentiments dignes de sa couronne. "
Agnès reprit : " Ah ! laissez-moi pleurer ! "