VARIANTES DU CHANT XVII. 281
La belle Agnès, qui toujours dans son cœur
Avait garde la crainte du Seigneur,
Au tribunat ne fut pas la dernière.
Le révérend tenait sa cour plénière,
Les yeux baissés, un mouchoir à la main,
A droite, à gauche, absolvant son prochain.
Dorothée! ô cœur dévot et tendre!
Dans le saint lieu tu vins aussi te rendre ;
Et La Trimouillc, un peu faible et traînant,
Y vint chercher sa part du sacrement.
Ce couple heureux eut le plaisir suprême
De détailler les doux péchés qu'il aime ;
Et Bonifoux était par piété
Le confident de leur fidélité.
Ces gens de bien, ayant dit leur histoire,
Se promenaient sur le bord de la Loire,
Signant leur face, et récitant encor
Quelques morceaux de leur Confiteor.
Le beau Monrose alors vint à paraître;
Il déplorait la mort de son cher maître.
De ce trépas le grand événement
Porte en son cœur un trouble pénitent :
Il entrevoit, dans sa douleur profonde.
Le grand néant des vanités du monde; «
Et, de remords saintement tourmenté.
Pour un moment songe à l'éternité.
Il entre seul dans la demeure sainte ;
Il se présente à ce bon Bonifoux,
Qui le reçoit dans sa petite enceinte.
Le pose en face entre ses deux genoux.
Et, lui pressant la tête et la poitrine.
Lui fait conter les péchés qu'il devine.
« Cher pénitent, pour ces petits péchés.
Et pour les cas en iceux épluchés.
Il vous convient avoir la discipline.
Çà mettez-vous en état; que ma main
Légèrement pour votre bien remplisse
Sur votre peau ce bienheureux office. »
D'un cœur contrit, et d'un air enfantin,
Le doux Monrose offre à la main du père
Modestement ces globes de satin
Dont quelquefois abusa le malin.
Il les soumet au tourment salutaire
Qui va mêler la rose à leur blancheur.
Que devins-tu, mon prudent confesseur
Lorsque tu vis sur ce charmant ivoire
Ces fleurs de lis, ces monuments de gloire.
Ce rare hommage au sceptre des Français
Ainsi rendu par le cul d'un Anglais?
Charle avait pris ce signe inconcevable i
Pour un effet des malices du diable :
Toi, qui lis mieux dans le livre du ciel,
��I. Voyez chant XII, vers 383.
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