Palais des cieux, ouvrez-vous à ma voix.
Êtres brillants aux six ailes légères,
Dieux emplumés, dont les mains tutélaires
Font les destins des peuples et des rois !
Vous qui cachez, en étendant vos ailes,
Des derniers cieux les splendeurs éternelles,
Daignez un peu vous ranger de côté :
Laissez-moi voir, en cette horrible affaire,
Ce qui se passe au fond du sanctuaire :
Et pardonnez ma curiosité.
Cette prière est de l’abbé Trithème[1],
Non pas de moi ; car mon œil effronté
Ne peut percer jusqu’à la cour suprême ;
Je n’aurais pas tant de témérité.
Le dur saint George et Denis notre apôtre
Étaient au ciel enfermés l’un et l’autre ;
Ils voyaient tout ; mais ils ne pouvaient pas
Prêter leurs mains aux terrestres combats ;
Ils cabalaient : c’est tout ce qu’on peut faire
Et ce qu’on fait quand on est à la cour.
George et Denis s’adressent tour à tour
Dans l’empyrée au bon monsieur saint Pierre.
Ce grand portier, dont le pape est vicaire,
Dans ses filets enveloppant le sort,
- ↑ J’avoue que je ne l’ai point lue dans Trithême ; mais il se peut que je n’aie pas lu tous les ouvrages de ce grand homme. (Note de Voltaire, 1762.)