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CHANT XI





Argument.- Les Anglais violent le couvent : combat de saint George, patron d’Angleterre, contre saint Denys, patron de la France.






Je vous dirai, sans harangue inutile,
Que le matin nos deux charmants reclus,
Lassés tous deux des plaisirs défendus,
S’abandonnaient, l’un vers l’autre étendus,
Au doux repos d’une ivresse tranquille.



Un bruit affreux dérange leur sommeil.
De tous côtés le flambeau de la guerre,
L’horrible mort éclaire leur réveil ;
Près du couvent le sang couvrait la terre.
Cet escadrons de malandrins anglais
Avait battu cet escadron français.
Ceux-ci s’en vont au travers de la plaine,
Le fer en main ; ceux-là volent après,
Frappant, tuant, criant tous hors d’haleine :
" Mourez sur l’heure, ou rendez-nous Agnès. "
Mais aucun d’eux n’en savait de nouvelles.
Le vieux Colin, pasteur de ces cantons,
Leur dit : " Messieurs, en gardant mes moutons,
Je vis hier le miracle des belles
Qui vers le soir entrait en ce moutier. "
Lors les Anglais se mirent à crier :
" Ah ! c’est Agnès, n’en doutons point, c’est elle ;
Entrons, amis. " La cohorte cruelle
Saute à l’instant dessus ces murs bénis :
Voilà les loups au milieu des brebis.



Dans le dortoir, de cellule en cellule,
A la chapelle, à la cave, en tout lieu,
Ces ennemis des servantes de Dieu