Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome9.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lieu des 34 premiers de l’édition de 1755. Cette édition est donc la première où le chant de l’âne soit complet. Ce chant devait être désavoué par l’auteur ; mais ce désaveu, commandé par les circonstances, ne fait pas autorité pour tout le monde, quand on se rappelle que Voltaire, dans une lettre à d’Argental[1], parle du chant de l’âne, et craint qu’on ne l’imprime tel que vous l’avez vu d’abord, et non tel que je l’ai corrigé depuis. D’Argental était le seul qui eût eu copie de ce malheureux chant… Le roi de Prusse n’a jamais eu ce maudit chant de l’âne de la première fournée[2] ; mais Mlle  du Thil, qui avait été femme de chambre de Mme  du Châtelet, avait une copie de ce chant, que Voltaire lui-même appelle intolérable[3].

Il est évident que, dès 1749, et conséquemment bien longtemps avant que l’on pût supposer à des éditeurs l’intention de dénaturer la Pucelle, il existait un chant que réprouvait l’auteur après l’avoir composé. Lorsqu’il fut publié, les altérations faites par les éditeurs durent consister tout au plus en quelques interpolations et quelques inexactitudes.

Outre le chant XIV (Corisandre) et le complément du dernier chant, cette édition de 1756 contient çà et là diverses augmentations. Elle est la première qui contienne les vers sur Mme  de Pompadour, et le fameux hémistiche sur Louis XV.

Cette édition mérite d’être distinguée entre toutes celles qui ont précédé celle de 1762, la première qu’ait avouée l’auteur.

Voltaire accusait d’abord La Beaumelle de l’avoir donnée[4]. Peu de temps après, c’était sur La Beaumelle et d’Arnaud que portaient ses soupçons[5]. Mais il ne tarda pas à reconnaître qu’on l’avait trompé, du moins quant à d’Arnaud[6]. D’Alembert disait[7] qu’on attribuait l’édition à Maubert ; et Voltaire, tout acharné qu’il était contre La Beaumelle, paraît s’être rendu à l’opinion de d’Alembert, si l’on en juge d’après ce qu’il écrivait dans les deux notes qu’il ajouta en 1773, et dont j’ai parlé à la page précédente.

La Pucelle d’Orléans, poëme héroï-comique, par M. de Voltaire, Genève, 1757, deux volumes très-petit in-8o, de 116 et 92 pages, avec titres gravés, et cette épigraphe :

Desinit in piscem mulier formosa superne. Horat.

Cette édition est divisée en vingt-quatre chants, mais n’est pas plus ample que l’édition in-32 de 1756. Les chants IV, VI, VIII, IX, X de 1755 ont été, chacun, mis en deux ; le chant XI en trois ; le chant XIX de 1757

  1. Du 7 novembre 1754.
  2. Id.
  3. Lettre à d’Argental, du 6 février 1755.
  4. Lettre à d’Argental, du 1er  novembre 1756.
  5. Lettres à Thieriot, du 28 novembre ; à d’Alembert, du 29 novembre 1756.
  6. Lettre à Thieriot, du 19 décembre 1756.
  7. Lettre de d’Alembert à Voltaire, du 13 décembre 1756.