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570 LE TEMPLK DU GOUT.

Sous ses ycMix, (]c^ Amours badins Ranimaient ces touches savantes Avec un pinceau (jue leurs mains Trempaient dans les couleurs brillantes De la pâlotte de Rubens^

Je fus fort étonné de ne pas trouver dans le sanctuaire bien des gens qui passaient, il y a soixante ou quatre-vingts ans, pour être les plus chers favoris du dieu du Goût. Les Pavillon, les Benserade, les Pellisson, les Segrais -, les Saint-Évremond, les Balzac, les Voiture, ne me parurent pas occuper les premiers rangs. « Ils les avaient autrefois, me dit un de mes guides; ils brillaient avant que les beaux jours des belles-lettres fussent arrivés ; mais peu à peu ils ont cédé aux véritablement grands hommes : ils ne font plus ici qu'une assez médiocre figure. » En elTet, la plupart n'avaient guère que l'esprit de leur temps, et non cet esprit qui passe à la dernière postérité.

Déjà de leurs faibles écrits Beaucoup de grâces sont ternies : Ils sont comptés encore au rang des beaux esprits, Mais exclus du rang des génies.

Segrais voulut un jour entrer dans le sanctuaire, en récitant ce vers de Despréaux,

« Que Segrais dans l'églogue en charme les forêts ; » mais la Critique, ayant lu par malheur pour lui quelques pages

��1. Rubons (îgale le Titien pour le coloris; mais il est fort au-dessous de nos peintres français pour la correction du dessin. (Note de Voltaire, 1733.)

2. Segrais est un poëte très-faiMc; on ne lit point ses cglogues, quoique Boileau les ait vantées. Son Enéide est du style de Chapelain. Il y a un opéra de lui, c'est Roland et Angélique, sous le titre de rAmour guéri par le temps. On voit ces vers dans le prologue :

Pour couronner leur tête

En cotte fête, Allons dans nos jardins, Avec 1ns lis du Charlemagnc, Assembler les jasmins Qui parfument TEspagno.

La Zaide est un roman purement écrit, et entre les mains de tout le monde (note de Voltaire, 1733); mais il n'est pas do lui. (Id , 1731).) — Il le disait lui- même: « La Princesse de Clév^s, dit-il dans le Segraisiana, page 9, est de M'"* de La Fayette.... Zaïde, qui a paru sous mon nom, est aussi d'elle; il est vrai que j'y ai eu quelque part, mais seulement pour la disposition du roman.» (B.)

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