Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/547

Cette page n’a pas encore été corrigée

STANCES. ;;29

XXIV.

LES TORTS'.

(1757)

Non, je n'ai point tort d'oser dire Ce que pensent les gens de bien; Et le sage qui ne craint rien A le beau droit de tout écrire.

J'ai, quarante ans, bravé l'empire Des lâches tyrans des esprits ; Et, dans votre petit pays, J'aurais grand tort de me dédire.

Je sais que souvent le Malin A caché sa queue et sa griffe Sous la tiare d'un pontife, Et sous le manteau d'un Calvin.

Je n'ai point tort quand je déteste Ces assassins religieux. Employant le fer et les feux Pour servir le Père céleste.

Oui, jusqu'au dernier de mes jours, Mon âme sera fière et tendre:

��i. Dans une lettre à Thieriot, du 26 mars 1757, Voltaire se vantait d'avoir fait imprimer à Genève, avec approbation, que Calvin avait une âme atroce. Cette lettre avait été imprimée dans le Mercure do mai 1757. Les mots âme atroce n'ont jamais été dans l'Essai sur les mœurs. Mais la publication do la lettre à Thieriot fit scandale à Genève, et occasionna des tracasseries à Voltaire. Un Genevois, nommé Rival, lui adressa des vers où il lui disait :

Quant à vous, célèbre Voltaire,

Vous eûtes tort, c'est mon avis. ^

Vous vous plaisez dans ce pays ;

Fêtez le saint qu'on y révère, etc., etc.

C'est en réponse à la pièce de Rival, que Voltaire a reproduite dans lo Commen- taire historique, qu'il publia ces stances, intitulées les Torts. (B.)

8. — Stances. 3i

�� �