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ODE XVIII.

��SUR LA GUERRE DES RUSSES

CONTRE LES TURCS, EN 1708.

L'homme n'était pas né pour égorger ses frères ; Il n'a point des lions les armes sanguinaires : La nature en son cœur avait mis la pitié. De tous les animaux seul il répand des larmes,

Seul il connaît les charmes

D'une tendre amitié.

Il naquit pour aimer : quel infernal usage De l'enfant du Plaisir fit un monstre sauvage? Combien les dons du ciel ont été pervertis! Quel changement, ô dieux! la Nature étonnée,

Pleurante et consternée,

Ne connaît plus son fils.

Heureux cultivateurs de la Pensylvanie,

Que par son doux repos votre innocente vie

Est un juste reproche aux barbares chrétiens!

Quand, marchant avec ordre au bruit de leur tonnerre,

Ils ravagent la terre,

Vous la comblez de biens.

Vous leur avez donné d'inutiles exemples. Jamais un Dieu de paix ne reçut dans vos temples Ces horribles tributs d'étendards tout sanglants : Vous croiriez l'offenser, et c'est dans nos murailles

Que le dieu des batailles

Est le dieu des brigands.

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