464 ODE XV.
Tous les peuples s'accordèrent A t'honorer de leurs pleurs.
De la douce Verlu tel est le sûr empire;
Telle est la digne offrande à tes mânes sacrés.
Vous qui n'êtes que grands, vous qu'un flatteur admire.
Vous traitons-nous ainsi lorsque vous expirez?
La mort que Dieu vous envoie
Est le seul moment de joie
Qui console nos esprits.
Emportez, âmes cruelles,
Ou nos haines éternelles.
Ou nos éternels mépris.
Mais toi dont la vertu fut toujours secourable,
Toi dans qui l'héroïsme égala la bonté,
Qui pensais en grand homme, en philosophe aimable.
Qui de ton sexe enfin n'avais que la beauté,
Si ton insensible cendre
Chez les morts pouvait entendre
Tous ces cris de notre amour.
Tu dirais dans ta pensée :
Les dieux m'ont récompensée
Quand ils m'ont ôté le jour.
C'est nous, tristes humains, nous qui sommes à plaindre, Dans nos champs désolés et sous nos boulevards. Condamnés à souffrir, condamnés à tout craindre Des serpents de l'Envie et des fureurs de Mars.
Les peuples foulés gémissent,
Les arts, les vertus périssent,
On assassine les rois ;
Tandis que l'on ose encore,
Dans ce siècle que j'abhorre,
Parler de mœurs et de lois!
Hélas! qui désormais dans une cour paisible Retiendra sagement la Superstition, Le sanglant Fanatisme, et l'Athéisme horrible, Enchaînés sous les pieds de la Religion?
Qui prendra pour son modèle
La loi pure et naturelle
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