Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/440

Cette page n’a pas encore été corrigée

422 ODE VI. H

Les biens répandus sur sa vie, C'est là le fils dénaturé.

Ingrats, monstres que la nature A pétris d'une fange impure Qu'elle dédaigna d'animer, Il manque à votre âme sauvage Des humains le plus beau partage ; Vous n'avez pas le don d'aimer.

Nous admirons le fier courage Du lion fumant de carnage. Symbole du dieu des combats. D'où vient que l'univers déteste La couleuvre bien moins funeste? Elle est l'image des ingrats.

Quel monstre plus hideux s'avance?

La Nature fuit et s'offense

A l'aspect de ce vieux giton ;

Il a la rage de Zoïle,

De Gacon ^ l'esprit et le style,

Et l'àme impure de Chausson.

C'est Desfontaines, c'est ce prêtre Venu de Sodome à Bicêtre, De Bicêtre au sacré vallon : A-t-il l'espérance bizarre Que le bûcher qu'on lui prépare Soit fait des lauriers d'Apollon ?

Il m'a dû l'honneur et la vie, Et, dans son ingrate furie. De Rousseau lâche imitateur, Avec moins d'art et plus d'audace, De la fange où sa voix coasse Il outrage son bienfaiteur.

1. Gacon était un misérable écrivain satirique, univorsellemcnt méprisé. (A'ote de Voltaire, 1752.) Chausson a laisse un nom immortel. (/(/., 1775.)

— Dans les éditions de 175'i, 1756, etc., après le mot méprisé, on lisait: <■ Chausson fut brûlé publiquement pour le même crime pour lequel l'abbé Des- fontaines fut mis à Bicêtre. » ( D.)

�� �