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PRÉFACE DE M. DE IMxVRMONTKL. 21

on prononce s'accraîlre, change lui-même sa i)rononciation en faveur de cloîlre.

1 L"lionncur et la vertu n'osèrent \>\\i?, paroître:

La piété chercha les déserts et le cloître.

L'ne bizarrerie si marquée vient de ce qu'on a changé l'ancienne pronon- ciation sans changer l'ortliographe qui la représente. La réformation géné- rale d'un tel abus eût été une afTaire d'éclat. M. de Voltaire n'a porté que les premiers coups ; il a cru judicieusement qu'on devait rimer pour l'oreille, et non pour les yeux : en conséquence il a fait rimer François avec succès, etc. Et, pour satisfaire en même temps les oreilles et les yeux, il a écrit Français, substituant à la diphthongue oi la diphthongue ai, qui, accompagnée d'un s, exprime à la fin des mots le son de Yè, comme dans bienfails, souhaits, etc. M. de Voltaire a été d'autant plus autorisé à ce changement d'orthographe qu'il lui fallait distinguer dans son poëme cer- tains mots qui, écrits partout ailleurs de la même façon, ont néanmoins une prononciation et une signification différentes : sous le froc de François-, etc., des courtisans frayiçais '^, etc.

Quant a ce que j'ai dit sur le mérite de ce poëme, je déclare qu'il ne m'a été permis que de laisser entrevoir mon sentiment; et que si je n'ai pas heurté de front la prévention de quelques critiques, ce n'est pas que je ne leur sois entièrement opposé. Peut-être un jour pourrai-je sans contrainte parler comme pensera la jiostérité.

1. Épître III, Boileau. '2. Chant IV, vers 321.

{. Cliant III, vers 207.

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