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RÉPONSE À LA CRITIQUE

Je vous supplie de croire que je ne parle de religion qu’en vers.

XIII. « Le troisième chant n’est pas, je crois, si poétique que le second ; mais il me paraît qu’il y a plus d’art. »

Vous avez raison.

XIV. « Je suis fâché que la peinture qu’Elisabeth fait du pape Sixte ne soit pas si belle que celle que fait le poëte, au chant IV, du même pape. »

Et moi aussi.

XV. « Allons ! quelques touches de votre pinceau sur cette infaillibilité. »

De tout mon cœur.

XVI. « Voici un chant digne d’attention ; un bon moine y assassine son roi. »

C’est l’infaillibilité, ou pour la souscription[1].

XVII. « … Il fait la même chose positivement que Mutius Scévola. Mais il a, par-dessus Scévola, l’avantage d’une révélation. Un ange de lumière lui apparaît de la part de Dieu. »

Ne voyez-vous pas que cette apparition poétique ne figure autre chose que l’imagination égarée d’un moine ?

XVIII. « Je ne saurais approuver l’opération magique dans ce cinquième chant. M. de Voltaire s’est déclaré ouvertement contre ces choses dans son Essay on epic poetry. »

Avec votre permission, ce sortilége n’est point dans le goût de la Jérusalem. Il est représenté comme une folie superstitieuse, et non comme le Piomage du Tasse.

XIX. « Ma foi, Mornay est plus grand que Henri IV. »

Point du tout ; le chapelain de milord Marlborough n’est-il pas plus grand que lui ?

XX. « La fin (du VIIe chant) est froide : il ne parle que de la France. »

Je suis né Français. Pourquoi ne voulez-vous pas que je parle de la France ?

XXI. « Je souhaiterais que M. de Voltaire eût fait comme son ami Camoëns le Portugais, lequel, en sa Luziada, ne s’arrête pas dans les limites du Portugal, mais permet à sa muse de courir par toute la terre, et parler de chaque nation. »

Je ne suis point si babillard.

  1. Il est nécessaire de dire ici que l’auteur terminait la critique qui précède par ces mots : « Et je vous ferai une souscription pour ce seul endroit. » (B.)