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RÉPONSE À LA CRITIQUE DE LA HENRIADE.

lemy ; … il redevint protestant ; et… il se fit papiste encore pour entrer dans Paris. C’est cette dernière action que M. de Voltaire a embellie avec toute la grandeur de son imagination. »

Je suis né catholique ; si j’étais né mahométan, il faudrait bien que je louasse Mahomet.

VII. « Voilà M. de Voltaire qui, selon les principes de sa secte, dans laquelle il a été nourri, fait le panégyrique de Henri IV devenu catholique romain. »

Le critique est plagiaire ; car j’ai employé cette pensée dans un de mes ouvrages.

VIII. « Cependant on ne veut pas souffrir son ouvrage en France, parce qu’il ne dit pas assez de mal de ces méchants huguenots. »

Je n’ai rien dit de tout cela.

IX. « Qu’on dise ce qu’on voudra ; les Français font peut-être la révérence aux étrangers mieux que nous ; mais nous les recevons mieux. »

Le docteur Burnet a été mieux reçu en France que moi en Angleterre.

X.

Oui, le crime sans doute est l’enfant de l’erreur,
Oui, dans les différends où l’Europe se plonge,
La trahison, le meurtre est le sceau du mensonge ;
Mais la compassion, la générosité,
La liberté surtout, vient de la vérité.

« Ces vers ne sont pas si bons que ceux de M. de Voltaire[1]. »

Il est vrai que ces vers sont mauvais.

XI. « … Un vieillard catholique qui prédit deux choses : l’une, que notre religion[2] sera bientôt détruite ; l’autre, que Henri IV se fera papiste dans l’occasion. De ces deux prédictions, la première me semble difficile à accomplir ; au contraire, il y a plus d’apparence que le papisme sera à sa fin plus tôt que le protestantisme. »

Je le souhaite de tout mon cœur ; et ni moi ni mon ouvrage ne s’y opposent.

XII. « Les poètes sont comme les théologiens : Dieu est leur machine. Il semble que ces deux professions aient pour but de nous tromper avec des paroles. »

  1. Les vers 5-12 du chant II :

    Je ne décide point entre Genèves et Rome, etc. (B.)

  2. On ne doit pas oublier que c’est un anglican qui parle. (B.)