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RÉPONSE

À LA CRITIQUE DE LA HENRIADE[1]


I. « Puisque l’illustre M. de Voltaire a fait connaître son génie parmi nous comme en France. »

Je ne suis point illustre.

II. « Je ne suis pas un juge compétent de la poésie française. » Pourquoi en parles-tu donc ?

III. « On est bientôt rassasié de leurs grands vers rimés, qu’ils appellent bien tournés, mais qui manquent presque tous de force et d’énergie. »

Cela n’est pas vrai. Corneille est plein de force et d’énergie.

IV. « Mais je prends la liberté de demander à M. de Voltaire pour quelle raison il a voulu choisir pour sujet d’un si beau poëme une si vilaine action, je veux dire le changement de religion de Henri IV. »

Par la raison que le sujet est beau dans Paris.

V. « Y a-t-il, en vérité, une chose plus lâche et plus indigne sur la terre que de changer de religion par intérêt ? »

Ce n’est pas à moi à blâmer Henri IV.

VI. « Il (Henri IV) se fit protestant pour être chef de parti ;… il se fit papiste pour sauver sa vie à la sainte journée de Barthé-

  1. Cet intitulé n’est pas de Voltaire.

    À la suite de l’édition de la Henriade, la Haye, 1728, in-12, on avait imprimé une Critique de la Henriade. C’est en marge d’un exemplaire de ce volume que Voltaire avait écrit ses réponses. Cet exemplaire appartenait, en 1826, à M. F. Fremeau, libraire de Reims, qui fit réimprimer, à Paris, le volume de 1728, en y ajoutant en marge de la Critique les notes marginales de Voltaire, jusqu’alors inédites, et qui ne pouvaient avoir de titre. J’ai dû leur en donner un en les produisant en forme d’ouvrage. C’est ce que j’ai fait aussi pour les Notes de Voltaire sur les Remarques de La Mottraye.

    L’auteur de la Critique de la Henriade est un Anglais, ou du moins se donne pour tel dans les premières lignes de son écrit. Voyez ci-dessus page 5. (B.)