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AVERTISSEMENT.

En reproduisant, en 1732, la traduction de l’abbé Desfontaines, Voltaire en corrigea les fautes, et l’intitula Essai sur la poésie épique de toutes les nations écrit en anglais par M.  de Voltaire en 1726, et traduit en français par M.  l’abbé Desfontaines.

Mais bientôt il revit ou plutôt refit tout son ouvrage en français, et le fit imprimer en 1733, tel, à quelques mots près, qu’on l’a toujours[1] donné depuis, et que je le reproduis.

Je ne dois point passer sous silence un singulier reproche fait à Voltaire par Harwood, dans sa Biographia classica. « Une chose digne de quelque remarque, dit-il, c’est que Voltaire, dans un de ses essais critiques, après avoir assuré que, selon l’opinion générale des critiques, le poëte romain a fait de larges emprunts à Apollonius de Rhodes pour la partie la plus brillante de l’Énéide, l’épisode de Didon et d’Énée, ajoute : On doit vivement regretter que les Argonautiques ne soient pas venus jusqu’à nous. » Dans le texte actuel du chapitre iii on ne trouve pas le nom d’Apollonius. Ce nom est, il est vrai, dans la traduction de Desfontaines, mais non la phrase que rapporte Harwood. La faute de dire que les Argonautiques ne sont pas venus jusqu’à nous existe-t-elle dans l’original anglais ? Il est permis de croire que non : car, comme l’a observé Chardon de La Rochette[2], si Voltaire eût commis une erreur aussi grossière, Rolli n’eût pas manqué de la relever dans la critique qu’il fit de l’Essai de Voltaire. Il faut donc, comme le dit encore Chardon de La Rochette, ranger l’assertion de Harwood « parmi les Mensonges imprimés ».

C’est peu après l’apparition de la traduction par l’abbé Desfontaines qu’on imprima à Paris un Examen de l’Essai de M.  de Voltaire sur la poésie épique, par M.  Paul Rolli, traduit de l’anglais par M.  L. A*** (Antonini) ; Paris, Rollin fils, 1728, in-12 de xvj et 135 pages.

Blessé de voir le Télémaque traité de roman, dans la Conclusion de l’Essai sur la poésie épique, un anonyme publia, quelques années après, une Apologie du Télémaque contre les sentiments de M.  de Voltaire ; Paris, P. Ribou, 1736, in-12 de 39 pages.

B.

  1. La traduction de Desfontaines (et non le texte de Voltaire) se retrouve cependant dans un volume qui a ce singulier titre : Ouvrages classiques de l’élégant poëte M.  Arouet, fameux sous le nom de Voltaire ; nouvelle édition, tome Ier ; à Oxford, pour les académiciens, 1771, in-8o. Je ne sais si la collection a été continuée. Je ne crois pas que l’impression soit d’Oxford. (B.)
  2. Magasin encyclopédique, 1807, II, 321.