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PROCÈS CRIMINEL DE RAVAILLAC.

A dit que non, et de peur que nous n’ajoutions pas de foi à ses réponses, cette vérité serait attestée par ceux qui étaient dans la chambre où il était couché, qui l’empêchèrent de descendre, qui étaient l’hôtesse de la maison et une sienne cousine, qui le prièrent de n’y point aller à cause qu’elles avaient entendu un grand bruit dans la chambre.

Remontré qu’il n’a point eu volonté de changer son malheureux dessein, ne voulant recevoir la communion le jour de Pâques, parce que c’était le moyen de s’en divertir, duquel moyen n’ayant usé, et s’étant ainsi éloigné de la sainte communion, il a continué en sa mauvaise entreprise ;

A dit que ce qui l’empêcha de communier fut qu’il avait pris cette résolution le jour de Pâques de venir tuer le roi ; mais aurait ouï la sainte messe auparavant de partir, croyant que la communion réelle de sa mère était suffisante pour elle et pour lui.

Remontré que lui ayant cette mauvaise intention de commettre cet acte, il était en péché et en danger de damnation, ne pouvant participer à la grâce de Dieu et communion des fidèles chrétiens pendant qu’il avait cette mauvaise volonté, dont se devait départir pour être en la grâce de Dieu ;

A dit qu’il ne fait pas de difficulté de convenir qu’il n’ait été porté d’un propre mouvement et particulier, contraire à la volonté de Dieu, auteur de tout bien et vérité, contraire au diable, père du mensonge ; mais que maintenant, à la remontrance que lui faisons, il reconnaît qu’il n’a pu résister à cette tentation, étant hors du pouvoir des hommes de s’empêcher de mal ; et qu’à présent il a déclaré la vérité entière sans rien retenir et cacher ; il espérait que Dieu tout bénin et miséricordieux lui fera pardon et rémission de ses péchés, étant plus puissant pour dissoudre le péché, moyennant la confession et absolution sacerdotale, que les hommes pour l’offenser ; priant la sacrée Vierge, saint Pierre, saint Paul, saint François (en pleurant), saint Bernard, et toute la cour céleste de paradis, requiert être ses avocats envers sa sacrée majesté, afin qu’elle impose sa croix entre la mort et jugement de son âme et l’enfer. Par ainsi requiert et espère être participant des mérites de la passion de notre Sauveur Jésus-Christ, le suppliant bien humblement lui faire la grâce d’être associé aux mérites de tous les trésors qu’il a infus en la puissance apostolique, lorsqu’il a dit : Tu es Petrus, etc.



EXTRAIT


DU PROCÈS-VERBAL DE LA QUESTION.


Du 27 mai.