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CHANT DIXIÈME


ARGUMENT
Retour du roi à son armée : il recommence le siège. Combat singulier du vicomte de Turenne et du chevalier d’Aumale. Famine horrible qui désole la ville. Le roi nourrit lui-même les habitants qu’il assiège. Le ciel récompense enfin ses vertus. La vérité vient l’éclairer. Paris lui ouvre ses portes, et la guerre est finie.


Ces moments dangereux, perdus dans la mollesse,
Avaient fait aux vaincus oublier leur faiblesse.
À de nouveaux exploits Mayenne est préparé ;
D’un espoir renaissant le peuple est enivré.
Leur espoir les trompait : Bourbon, que rien n’arrête,
Accourt, impatient d’achever sa conquête.
Paris épouvanté revit ses étendards ;
Le héros reparut au pied de ses remparts,
De ces mêmes remparts où fume encor sa foudre,
Et qu’à réduire en cendre il ne put se résoudre,
Quand l’ange de la France, apaisant son courroux,
Retint son bras vainqueur, et suspendit ses coups.
Déjà le camp du roi jette des cris de joie ;
D’un œil d’impatience il dévorait sa proie.
Les ligueurs cependant, d’un juste effroi troublés,
Près du prudent Mayenne étaient tous rassemblés.
Là, d’Aumale, ennemi de tout conseil timide,
Leur tenait fièrement ce langage intrépide :
« Nous n’avons point encore appris à nous cacher ;
L’ennemi vient à nous : c’est là qu’il faut marcher,
C’est là qu’il faut porter une fureur heureuse.
Je connais des Français la fougue impétueuse ;
L’ombre de leurs remparts affaiblit leur vertu :
Le Français qu’on attaque est à demi vaincu.