AVERTISSEMENT
DE BEUCIIOT.
��Voltaire lui-même dit* qu'il « commença la Henriade ii Saint-Ange-, cliez 31. de Caumartin, intendant des finances, après avoir fait Œdipe, et avant que cette pièce fût jouée ». On sait, par une note du Cominenlaire historiqîie, qxi Œdipe était achevé en 1713 ; mais cette tragédie ne fut jouée qu'en 1718. C'est donc dans cet intervalle de cinq ans que fut conçue la Henriade.
Voltaire, que ses parents, à son retour de Hollande, avaient forcé d'en- trer chez un procureur, fut bientôt dégoûté du métier; et M. de Caumartin obtint de son père la permission d'emmener à Saint-Ange le jeune Arouet. Le père de Caumartin, qui s'y trouva, avait, dans sa jeunesse, vécu avec des seigneurs de la cour de Henri IV et des amis de Sully. Les récits qu'il faisait à Voltaire eurent bientôt enflammé l'imagination du poëte, qui résolut d'être le chantre de Henri. C'est une tradition reçue, consacrée, que, pendant sa détention à la Bastille, en 1716, Voltaire composa le second ciiant de son poëme^.On peut donc faire remonter à 1715 l'idée première de la Henriade. L'auteur avait vingt et un ans.
11 était assez naturel de dédier le poëme au roi de France, qui était le cinquième descendant de Henri IV. Voltaire pouvait espérer que son ouvrage serait imprimé à l'Imprimerie royale. Il faisait graver des planches d'après ses idées et les dessins de Coypel, Galloche, et Detroye'*. La dédicace était, au moins en grande partie, rédigée, lorsqu'un refus inconcevable dérangea tous les projets du poëte. Ce qui de cette dédicace a échappé à la destruction n'a ét(' publié qu'en 1821. Ce n'est qu'un fragment, mais il est étendu. I! ne [leut être mis à la tête d'une édition, mais je dois le conserver comme monument. Le voici :
« Sire, tout ouvrage oii il est parlé des grandes actions de Henri IV doit être offert à Votre Majesté. C'est le sang de ce héros qui coule dans vos
1. Commentaire historique sur les OEuvrcs de l'auteur de la Henriade.
2. Château à trois lieues de Fontainebleau.
3. Voyez YÉloge de Voltaire, par le roi de Prusse.
4. Lettre à Thieriot, du 11 septemljre 1722.
8. — La Henriade. 1
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