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CHANT SIXIÈME[1]

ARGUMENT
Après la mort de Henri III, les états de la Ligue s’assemblent dans Paris pour choisir un roi. Tandis qu’ils sont occupés de leurs délibérations, Henri IV livre un assaut à la ville ; l’assemblée des états se sépare ; ceux qui la composaient vont combattre sur les remparts ; description de ce combat. Apparition de saint Louis à Henri IV.


C’est un usage antique, et sacré parmi nous
Quand la mort sur le trône étend ses rudes coups,
Et que du sang des rois, si cher à la patrie,
Dans ses derniers canaux la source s’est tarie,

  1. Le sixième et le septième chants sont ceux où M. de Voltaire a fait le plus de changements*. Celui qui était le sixième dans la première édition de 1723 est le septième dans l'édition de Londres, in-4o, et dans les autres qui l'ont suivie; et le commencement de ce chant est tiré du chant neuvième de l'édition de 1723. (Note de Voltaire, 1741.) Comme on a plus d'égard, dans un poëme épique, à l'ordonnance du dessein qu'à la chronologie, on a placé immédiatement après la mort de Henri III les états de Paris, qui ne se tinrent effectivement que quatre ans après. (Id., 1730.) Selon la vérité de l'histoire, Henri le Grand assiégea Paris quelque temps après la bataille d'Ivry, en 1590, au mois d'avril. Le duc de Parme lui en fit lever le siège au mois de septembre. La Ligue, longtemps après, en 1593, assembla les états pour élire un roi à la place du cardinal de Bourbon, qu'elle avait reconnu sous le nom de Charles X, et qui était mort depuis deux ans et demi; et, la même année 1593, au mois de juillet, le roi fit son abjuration dans Saint-Denis, et n'entra dans Paris qu'au mois de mars 1594. De tous ces événements on a supprimé l'arrivée du duc de Parme et le prétendu règne de Charles, cardinal de Bourbon. Il est aisé de s'apercevoir que faire paraître le duc de Parme sur la scène eût été diminuer la gloire de Henri IV, le héros du poëme, et agir précisément contre le but de l'ouvrage, ce qui serait une faute impardonnable. A l'égard du cardinal de Bourbon, ce n'était pas la peine de blesser l'unité, si essentielle dans tout ouvrage épique, en faveur d'un roi en peinture, tel que ce cardinal : il serait aussi inutile dans le poëme qu'il le fut dans le parti de la Ligue. En un mot, on passe sous silence le duc de Parme, parce qu'il était trop grand, et le cardinal de Bourbon, parce qu'il était trop petit. On a été obligé de placer les états de Paris avant le siège, parce que si on les eût mis dans leur ordre, on
    • Quand on imprima la Henriude en 1723, sous le nom de la LigUe, cet ouvrage n'était pas encore achevé. Il fut imprimé même avec beaucoup de lacunes, sur une copie qui fut dérobée à l'auteur, et qui fut beaucoup altérée à l'impression. (Note de Voltaire, 1746.)