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Déjà quelques guerriers, funestes politiques,
Plus mauvais citoyens que zélés catholiques,
D’un scrupule affecté colorant leur dessein,
Séparent leurs drapeaux des drapeaux de Calvin ;
Mais le reste, enflammé d’une ardeur plus fidèle,
Pour la cause des rois redouble encor son zèle.
Ces amis éprouvés, ces généreux soldats,
Que longtemps la victoire a conduits sur ses pas,
De la France incertaine ont reconnu le maître ;
Tout leur camp réuni le croit digne de l’être.
Ces braves chevaliers, les Givrys, les d’Aumonts,
Les grands Montmorencys, les Sancys, les Crillons,
Lui jurent de le suivre aux deux bouts de la terre :
Moins faits pour disputer que formés pour la guerre,
Fidèles à leur Dieu, fidèles à leurs lois,
C’est l’honneur qui leur parle ; ils marchent à sa voix.
« Mes amis, dit Bourbon, c’est vous dont le courage
Des héros de mon sang me rendra l’héritage :
Les pairs, et l’huile sainte, et le sacre des rois,
Font les pompes du trône, et ne font pas mes droits.
C’est sur un bouclier qu’on vit nos premiers maîtres
Recevoir les serments de vos braves ancêtres.
Le champ de la victoire est le temple où vos mains
Doivent aux nations donner leurs souverains. »
C’est ainsi qu’il s’explique ; et bientôt il s’apprête
À mériter son trône en marchant à leur tête.