Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/13

Cette page n’a pas encore été corrigée

AVERTISSEMENT

POUR LA PRÉSENTE ÉDITION.

��L'Avertissement de Beuchot, la Préface de Marmontel et les autres préam- bules qu'on trouvera plus loin, donnent tous les renseignements que peut souhaiter le lecteur sur la composition, la publication de la Henriade, et sur l'accueil que ce poëme reçut en son temps. Nous n'avons donc que des parti- cularités à y ajouter, ou des appréciations plus modernes à faire connaître.

Le dernier écrivain qui ait parlé de la Henriade avec quelque autorité el quelque étendue, M. Villemain, dans le Tableau de la littérature française au XVIIl siècle, a su rendre justice à cette grande composition poétique, sans taire ce qui a manqué à l'auteur pour réaliser l'objet de son ambition.

« Lorsque j'entrepris cet ouvrage, dit Voltaire quelque part, je ne comptais pas le pouvoir finir, et je ne savais pas les règles du poëme épi- que. )i — « J'ignore, reprend M. Villemain, s'il les apprit plus tard, et quelles sont ces règles. Qu'un poëme épique commence par le milieu, et que l'expo- sition vienne après, dans un récit,

In médias res, Haud secus ac notas, auditorem rapit,

cet ordre peut plaire dans V Enéide; mais ce n'est pas plus une règle que le songe ou le récit de nos tragédies. Voltaire, d'ailleurs^ ne s'est que trop conformé à ces usages^ à ces routines épiques dont il affecte l'igno- rance. C'est le défaut même de la Henriade de ressembler à tout ce qui précédait, et surtout à l'Enéide; d'avoir une tempête, un récit, une Ga- brielle quittée comme Didon, une descente aux enfers, un Elysée, une vue anticipée des grandeurs et des maux de la patrie, et même un Tu Marcel- lus eris, qui s'applique au Dauphin. La chose dont aurait dû s'inquiéter Voltaire, ce ne sont pas les règles prescrites à l'épopée, mais les conditions sociales qui lui permettent de naître...

« La philosophie répandue dans la Henriade est, au fond, la plus grande beauté de l'ouvrage. C'est la seule chose qui vienne naturellement au poète, qu'il sente et qu'il croie. Tout le reste, voyages, batailles, combats singu- liers, exploits de héros, est pour lui une sorte de cérémonial épique dont il

�� �