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SOrilOMSBE.

Seigneur, je ne veux point, dans l’état où vous êtes.

Fatiguer vos chagrins de plaintes indiscrètes :

Mais vos maux sont les miens ; ({u’ils [)uissent vous toucher

Ce n’est pas mon époux qui doit me reprocher

De l’avoir préféré (non sans quelque courage)

Au vainqueur de l’Afrique, au vainqueur de Carthage,

D’avoir tout oublié pour suivre votre sort,

Et d’attendre avec vous l’esclavage ou la mort.

Massinisse m’aimait, et j’aimais ma patrie ;

Je vous donnai ma main, prenez encor ma vie.

Mais si je suis coupahle en implorant pour vous

Le vainqueur irrité dont vous êtes jaloux,

Si j’ai voulu briser le joug qui vous accable.

Si je veux vous sauver, la faute est excusable.

Vous avez, croyez-moi, des soins plus importants.

Bannissez des soupçons, partage des amants,

Des cœurs efféminés, dont l’oisive mollesse

Ne connaît d’intérêts que ceux de leur tendresse :

Un soin bien différent nous occupe en ce jour ;

11 s’agit de la vie, et non pas de l’amour :

Il n’est pas fait pour nous. Écoutez : le temps presse ;

Tandis que vos soupçons accusent ma faiblesse,

Tandis que nous parlons, la mort est en ces lieux.

SYPHAX.

Je vais donc la chercher ; je vais loin de vos yeux Éteindre dans mon sang ma vie et mon outrage. J’ai tout perdu ; les dieux m’ont laissé mon courage. Cessez de prendre soin de la fin de mes jours. Carthage m’a promis un plus noble secours ; Je l’attends à toute heure, il peut venir encore : Ce n’est pas mon rival qu’il faudra que j’implore. Ne craignez rien pour moi, je sais sauver mes mains Des fers de Massinisse, et des fers des Romains. Sachez qu’un autre époux, et surtout un Numide, Ne mourrait qu’en frappant le cœur d’une perfide. Vous l’êtes ; j’ai des yeux : le fond de votre cœ^r, Quoi que vous en disiez, était pour mon vainqueur. Je n’ai point, Sophonisbe, exigé de votre âme Les dehors affectés d’une inutile flamme ; L’amour auprès de vous ne guida point mes pas ; Je voulais un vrai zèle, et vous n’en avez pas.