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ACTE II, SCÈNE VIÎ. 56t

d’autre sorte. Écoutez, bonhomme, je viens ici avec une lettre de M. Maraudin, et mon dessein était d’épouser M"« de la Coclionnière ; mais tant que vous me tiendrez ici à la porte, il n’y a pas d’apparence que nous puissions conclure cette affaire.

LE BARON.

Ah ! ah ! vous veniez pour épouser ma fille ! Fort bien. Ah ! comment vous nommez-vous, s’il vous plaît ?

L lî C Jl T E.

Vous faites le mauvais plaisant, baron.

LE BARON.

Non, non, je voudrais savoir comment vous vous nommez.

LE C »1 T E.

Mais il y a quelque apparence (|ue je me nomme le comte de Boursoufle ; nous sommes un peu plus connu à la cour qu’ici.

T H É R È : s E, toujours à sa fenftre.

Papa, voilà un impudent maroufle qui prend le nom de mon mari !

LE BARON, au comte,

Écoute : vois-tu ces arbres qui ornent le dehors de mon château ? Si tu ne te retires, voilà où je te ferai pendre avant qu’il soit une heure.

LE COMTE.

Foi de seigneur, c’est pousser un peu loin la raillerie. Allons, ouvrez, et ne faites plus le mauvais plaisant, (u heurte.)

LE BARON.

Il fait violence ; tirez, Jérôme.

(Oq tire un coup d’arquebuse d’une des meurtrières.) UN PAGE.

Jarni ! on n’a jamais reçu de cette façon des gens de qualité ; sauvons-

riOUS. (Us se sauvent par le fond à gauche.)

LE BARON, à ses gens.

Enfants, puisqu’ils se sauvent, voici le moment de signaler votre intré- pidité. Il est seul, saisissez-moi ce bohème-là, et liez-le-moi comme un sac.

LE COMTE.

Mais ceci devient sérieux, ceci est une véritable guerre, ceci est abominable ; assurément on en parlera à la cour.

(Le baron, Thérèse et ses gens descendent. Colin et trois yalets saisissent le comte,

lui prennent son épée et le garrottent.)

LE COMTE.

Mais qu’est-ce que c’est que ça ? qu’est-ce que c’est que ça ? Ah ! vous me liez trop fort, vous allez gâter toute ma broderie. Baron, vous me paraissez un fou un peu violent ; n’avez-vous jamais de bons intervalles ?

LE BARON.

Je n’ai jamais vu un drôle si impudent.

LE COMTE.

Pour le peu qu’il vous reste un grain de raison, ne sauriez-vous me dire comment la tête vous a tourné, et pourquoi vous faites ainsi garrotter le comte votre gendre ?

7. — Théâtre. VI. 36