ACTE I, SCi : NE II. 47 Trrris à Massinisse eu cotte conjoncture. Je rappelle à son cœur les droits de la nature. Les nœuds trop oubliés du san^ qui nous unit : Seigneur, si vous l’osez, condamnez cet écrit.
(Elle lit.)
« Vous êtes de mon sang ; je vous lus longtemps chère, Et vous persécutez vos parents malheureux. Soyez digne de vous ; le brave est généreux : Reprenez votre gloire et ^otre caractère… »
(Sj’pliax lui arrache la lettre.)
Eh bien ! ai-je trahi mon peuple et mon époux ? Est-il temps d’écouter des sentiments jaloux ? Répondez : quel reproche avez-vous à me faire ? La fortune, en tout temps à tous deux trop sévère, A mis, pour mon malheur, ma lettre en votre main. Quel en était le but ? quel était mon dessein ? Pouvez-vous l’ignorer ? et faut-il vous l’apprendre ? Si la ville aujourd’hui n’est pas réduite en cendre, S’il est quelque ressource à nos calamités. Sur ces murs tout sanglants je marche à vos côtés. Aux yeux de Scipion, de Massinisse même. Ma. main joint des lauriers à votre diadème : Elle combat pour vous, et sur ce mur fatal Elle arbore avec vous l’étendard d’Annibal : Mais si jusqu’à la fin le ciel vous abandonne. Si vous êtes vaincu, je veux qu’on vous pardonne.
SYPHAX.
Qu’on me pardonne ! à moi ! De ce dernier affront
Votre indigne pitié voulait couvrir mon front !
Et, portant à ce point votre insultante audace,
C’est donc pour votre roi que vous demandez grâce ?
Allez, peut-être un jour vos funestes appas
L’imploreront pour vous, et ne l’obtiendront pas.
IMassinisse, en tout temps mon fatal adversaire.
Et mon rival en tout, se flatta de vous plaire :
Il m’osa disputer mon trône et votre cœur :
C’est trahir notre hymen, votre foi, mon honneur.
Que de vous souvenir de son feu téméraire.
Vos soins injurieux redoublent ma colère ;
Et ce fatal aveu, dont je me sens confus,
À mes yeux indignés n’est qu’un crime de plus.