ACTE PREMIER.
Scène I
Se peut-il qu’à ce point l’ingrate me trahisse ?
Sophonisbe ! ma femme ! écrire à Massinisse !
À l’ami des Romains ! que dis-je ? à mon rival !
Au déserteur heureux du parti d’Annibal,
Qui me poursuit dans Cirthe, et qui bientôt peut-être
De mon trône usurpé sera l’indigne maître !
J’ai vécu trop longtemps, Ô vieillesse ! ô destins !
Ah ! que nos derniers jours sont rarement sereins !
Que tout sert à ternir notre grandeur première !
Et qu’avec amertume on finit sa carrière !
À mes sujets lassés ma vie est un fardeau ;
On insulte à mon âge ; on ouvre mon tombeau.
Lâches, j’y descendrai, mais non pas sans vengeance.
Que la reine à l’instant paraisse en ma présence.
Qu’on l’amène, vous dis-je. Époux infortuné,
Vieux soldat qu’on trahit, monarque abandonné,
Quel fruit peux-tu tirer de ta fureur jalouse ?
Seras-tu moins à plaindre en perdant ton épouse ?
Cet objet criminel, à tes pieds immolé,