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528 LA COMÉDIE FAMEUSE.

HÉRACLILS,

Je reprends mes esprits ; et plus je te considère, plus il me semble que je t’ai déjà vu.

FRÉDÉRIC.

Cela est impossible ; car je n’ai jamais approché des cavernes et des précipices où tu dis qu’on a élevé ta jeunesse.

HÉRAGLIUS,

C’est la vérité ; mais je t’ai vu sans te voir.

FRÉDÉRIC.

Comment, me voir sans me voir ?

HÉRACLIUS.

Oui.

FRÉDÉRIC.

Ceci est une nouveauté égale à la première ; mais avant de l’approfondir, va, je te prie, à ma galère capitane ; et après qu’on t’aura donné des habits, et qu’on t’aura paré comme tu dois l’être, tu m’apprendras ce que je veux savoir, et qui me ravit déjà en admiration.

HÉRACLIUS.

Je t’ai déjà dit que je suis le fils des montagnes, accoutumé au travail et à la peine ; et, quoique j’aie beaucoup souffert, écoute-moi ; je me reposerai en te parlant.

FRÉDÉRIC,

Puisque c’est pour toi un soulagement, parle.

HÉRACLIUS.

Écoute ; tu vois ces rochers, ces montagnes, dont le faîte est défendu par les volcans de l’Etna…

Le discours d’Hcraclius est interrompu par des cris derrière la scène.

Aux armes ! aux armes ! aux combats ! aux combats !

PHOCAS.

Tombons sur eux avant que leurs escadrons soient formés.

UN SOLDAT de Frédéric, arrivant sur la scène.

Déjà on voit l’armée que Phocas a levée pour s’opposer à la hardiesse de votre débarquement.

FRÉDÉRIC.

On dit que c’est le premier bataillon, il faut s’empresser d’aller à sa rencontre.

HÉRACLIUS.

Je vous accompagnerai. A^ous verrez que l’épôe que vous ne m’avez donnée que comme un ornement vous rendra quelque service.