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TROISIÈME JOURNÉE. o2i

l’HOCAS.

Je ne t’entends point.

HÉRACLIUS.

Et moi, je m’entends un peu.

Le vieil Astolphe et Lisippo arrivent, et s’arrêtent au fond du théâtre. ASTOLPHE.

J’ai su que Léonide et Héraclius étaient avec Phocas : je viens les voir ; mais je n’ose approcher.

LISIPPO.

Je veux savoir quel parti ils auront pris, et je vais de ce côté.

PHOCAS, à Héraclius.

Eh bien ! ingrat, tu méprises donc mes bontés ?

HÉRACLIUS.

Non, j’en fais tant de cas que je ne veux pas les exposer à un nouveau danger. Je me jette à tes pieds, je te supplie de m’éloigner de toi ; mon ambition ne veut d’autre royaume que celui de mon libre arbitre.

PHOCAS.

N’est-ce pas agir en désespéré au mépris de mon honneur ?

HÉRACLIUS.

Non, seigneur ; il ne s’agit que du mien.

PHOCAS.

Tes refus sont une preuve de ta trahison. Que fais-je ? je réprime ma colère.

CINTIA.

Quelle trahison pouvez-vous avoir découverte en lui, puisqu’il arrive tout à l’heure ?

PHOCAS.

Va, ingrat, puisque tu abhorres mes faveurs, je vois bien que tu es le fils de mon ennemi.

HÉRACLIUS.

Eh bien ! c’est la vérité, et puisque tu sais le secret d’un prodige que je ne peux comprendre, que je me perde ou non, je suis le fils de Maurice, et je m’enorgueillis à tel point d’un si beau titre que je dirai mille fois que Maurice est mon père.

PHOCAS.

Je m’en doutais assez ; mais de qui le sais-tu ?

HÉRACLIUS.

D’un témoin irréprochable ; c’est Cintia qui me l’a dit.

CINTIA.

Moi ! comment ? quand ? Et de qui aurais-je pu le savoir ?