DEUXH-MK JOUR m : II. 1511
j’ai eu le bonhour de vous voir tous deux dans une si grande splendeur et une si grande majesté,
LÉOMDE.
En quelle majesté nous vois-tu donc, puisque tu nous laisses encore dans le doute où nous sommes, et que tu ôtes l’héritage à celui qui y doit prétendre, pour le donner sottement à celui qui n’y a point de droit ?
HÉRACLIUS.
Léonide, tu lui payes fort mal ce que tu lui dois.
LF^ONIDE.
Qu’est-ce donc que je lui dois ? Il a été notre tyran dans une éducation rustique ; il a été le voleur de ma vie au milieu des précipices et des cavernes. Ne devait-il pas, puisqu’il savait qui nous étions, nous élever dans des exercices dignes de notre naissance, nous apprendre à manier les armes ?
PHOCAS, qui entre doucement sur la pointe du pied pour les écouter.
En vérité, Léonide parle très-bien et avec un noble orgueil.
HÉRACLIUS.
Mais il est clair qu’il a protégé celui de nous deux qui est le fils de Maurice, qu’il s’est enfermé dans une caverne avec lui. Y a-t-il une fidélité comparable à cette conduite généreuse ? Et dis-moi, n’est-ce pas aussi une piété bien signalée d’avoir aussi conservé le fils de Pliocas qu’il connaissait, et qui était en son pouvoir ? N’a-t-il pas également pris soin de l’un et de l’autre ?
PHOCAS, derrière eux.
En vérité, Héraclius parle fort sagement.
LÉOMDE.
Quelle est donc cette fidélité ? Il a été compatissant envers l’un, tandis qu’il était cruel envers l’autre. Il eût bien mieux fait de s’expliquer, et de nous instruire de notre destinée : mourrait qui mourrait, et régnerait qui régnerait.
HÉRACLIUS.
Il aurait fait fort mal.
LÉOXIDE.
Tais-toi ; puisque tu prends son parti, tu me mets si fort en colère que je suis prêt de…
ASTOLPHE.
De quoi ? ingrat, parle.
LÉOXIDE.
D’être ingrat, puisque tu m’appelles ainsi, vieux traître, vieux tyran !
Léonide lui saute à la gorge, et le jette par terre ; Héraclius le relève.