Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/520

Cette page n’a pas encore été corrigée

510 LA COMl-DIiï FAMEUSE.

main hlancho. Mais, pour venir à des matières plus importantes, le grand-duc mou maître m’a chargé de vous dire qu’étant fils de Cassandre, sœur de l’empereur Maurice, dont le monde pleure la perte, il ne doit point vous payer les tributs qu’il payait autrefois à l’empire ; mais ([uc, s’il ne se trouve point d’héritier plus proche que Alaurice, c’est à mon maître qu’appartient le bonnet impérial et la couronne de laurier, comme un droit héréditaire. Il vous somme de les restituer.

PHOCA.S.

Ne poursuis point, tais-toi ; tu n’as dit que des folies. De si sottes demandes ne méritent point de réponse ; c’est assez que tu les aies prononcées.

LÉONIDE,

Non, seigneur, ce n’est point assez ; ce palais n’a-t-il point des fenêtres par lesquelles on peut faire sauter au plus vite monsieur l’ambassadeur ?

HÉRACLIUS.

Léonide, prends garde ; il vient sous le nom sacré d’ambassadeur : n’aggravons point les motifs de mécontentement que peut avoir son maître.

PHOGAS, ; i l’ambassadeur.

Pourquoi restes-tu ici ? N’as-tu pas entendu ma réponse ?

FRÉDÉRIC.

Je ne demeurais que pour vous dire que la dernière raison des princes est de la poudre, des canons, et des boulets ^

PHOGAS.

Eh bien ! soit…. Que ferons-nous, Cintia ?

CINTIA,

Pour moi, mon avis est qu’ayant l’honneur de vous avoir pour hôte, je continue à vous divertir par des festins, des bals, de la musique, et des danses.

PHOGAS.

Vous avez raison : entrons dans ces jardins et divertissons nous, pendant que l’ambassadeur s’en ira.

Léonide et Héraclius restent ensemble. Le vieux bonhomme Astolphc vient se jeter à leurs pieds. Ce vieillard, qui n’a pas un souffle de vie, dit qu’il a rompu les portes de sa prison.

Qu’on me donne mille morts, ajoute-t-il, j’y consens, puisque

1. Le lecteur remarque assez ici l’érudition de Calderon et celle des spectateurs à qui il avait affaire. De la poudre et des boulets ai> cinquième siècle sont dignes de la conduite de cette pièce. {Note de Voltaire.)