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-506 LA COMKDIE FAMEUSlî.

LES DEUX, cnsoniblo.

S’il a sauvé notre vie, n’est-il pas juste que nous gardions la sienne ?

PIIOCAS,

Ainsi donc flionnour de pouvoir être mon fils ne pourra rien ■changer dans vos cœurs ?

HÉRACLIUS.

Non, pas dans le mien ; il y a plus d’honneur à mourir fils légitime de l’empereur Maurice qu’à viATe bâtard de Phocas et d’une paysanne.

LÉONIDE.

]->l moi, quand je regarderais l’honneur d’être ton fils comme un suprême avantage, qu’Héraclius n’ait pas la présomption de vouloir être au-dessus de moi.

PHOCAS.

Quoi ! l’empereur Maurice était-il donc plus que l’empereur Phocas ?

LES DEUX.

Oui.

PHOCAS.

Et qu’est donc Phocas ?

LES DEUX.

Rien.

PHOCAS.

fortuné Maurice ! ô malheureux Phocas ! Je ne peux trouver un fils pour régner, et tu en trouvés deux pour mourir. Ah ! puisque ce perfide reste le maître de ce secret impénétrable, qu’où le charge de fers, et que la faim, la soif, la nudité, les tourments, le fassent parler.

LES DEUX, ensemble.

Tu nous verras auparavant morts sur la place.

PHOCAS.

Ah ! c’est là aimer. Hélas ! je cherchais aussi à aimer l’un des deux. Que mon indignation se venge sur l’un et sur l’autre, et qu’elle s’en prenne à tous trois.

Les soldats les entourent.

HÉRACLIUS.

Il faudra auparavant me déchirer par morceaux.

LÉO-MDE.

Je vous tuerai tous.