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PREMIER I- : JOURNÉE. 505

tout, et qui ne se réserva pns nimio son fils. A pn-sont que tu es sûr que l’un des deux est né de loi, pourras-tu les faire périr l’un et l’autre ?

PIIOCAS.

Qu’ai-jc entendu ! qu*ai-je vu !

CIXTIA.

Quel événement étran^^e !

PHOCAS.

ciel ! où suis-je ? Quand je suis prêt de me venger d’un ennemi qui pourrait me succéder, je trouve mon véritable successeur sans le connaître ; et le bouclier de l’amour repousse les traits de la haine. Ah ! tu me diras quel est le sang de Maurice, quel est le mien.

ASTOLPHE.

C’est ce que je ne te dirai pas. C/est à ton fils de servir de sauvegarde au fils de mon prince, de mon seigneur.

PHOCAS.

Ton silence ne te servira de rien ; la nature, l’amour paternel, parleront ; ils me diront sans toi quel est mon sang, et celui des deux en faveur de qui la nature ne parlera pas sera conduit au supplice.

ASTOLPHE.

Ne te fie pas à cette voix trompeuse de la nature : cet amour paternel est sans force et sans chaleur quand un père n’a jamais vu son fils, et qu’un autre l’a nourri. Crains que, dans ton erreur, tu ne donnes la mort à ton propre sang.

PHOCAS.

Tu me mets donc dans Tobligation de te donner la mort à toi-même, si tu ne me déclares qui est mon fils.

ASTOLPHE.

La vérité en demeurera plus cachée. Tu sais que les morts gardent le secret.

PHOCAS.

Eh bien ! je ne te donnerai point la mort, vieil insensé, vieux traître ; je te ferai vivre dans la plus horrible prison ; et cette longue mort t’arrachera ton secret pièce à pièce.

Phocas renverse le vieil Astolphe par terre ; les deux jeunes gens le relèvent. HÉRACLIUS ET LÉONIDE.

Non, ta fureur ne l’outragera pas : que gagnes-tu à le maltraiter ?

PHOCAS.

Osez-vous le protéger contre moi ?