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îiOO LA COMKDIK FAMEUSE.

lu ])nrles. Qui os-tu donc, toi qui as franchi le pas de cette montagne avec tant d’audace ?

HÉRACLIUS.

Je n’en sais rien.

CINTIA.

Quel est ce vieillard qui écoutait, et qui a fait tant de peur à une femme ?

HÉRACLIUS.

Je ne le sais pas.

CINTIA.

Pourquoi vis-tu de cette sorte dans les montagnes ?

HÉKACLIUS.

Je n’en sais rien,

CIMIA.

Tu ne sais rien ?

HÉRACLIUS.

Ne vous indignez pas contre moi ; ce n’est pas peu savoir que de savoir qu’on ne sait rien du tout.

CINTIA.

Je veux apprendre qui tu es, ou je vais te percer de mes flèches.

Cintia est armée d’un arc, et porte un carquois sur l’épaule ; elle veut prendre ses flèches.

HÉRACLIUS.

Si vous voulez m’ôter la vie, vous aurez peu de chose à faire.

CINTIA, laissant tomber ses flèches et son carquois.

La crainte me fait tomber les armes,

HÉRACLIUS.

Ce ne sont pas là les plus fortes.

CINTIA.

Pourquoi ?

HÉRACLIUS.

Si vous vous servez de vos yeux pour faire des blessures, tenez vous-en à leurs rayons ; quel besoin avez-vous de vos flèches ?

CINTIA.

Pourquoi y a-t-il tant de grâce dans ton style, lorsque tant de férocité est sur ton visage ? Ou ta voix n’appartient pas à ta peau, ou ta peau n’appartient pas à ta voix. J’étais d’abord en colère, et je deviens une statue de neige.

HÉRACLIUS.

Et moi je deviens tout de feu.