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PREMIÈRE JOURNÉE 499

VOUS do sortir d’ici. La raison qui nra forcé à vous cacher votre sort, c’est l’empereur Iléraclius, cet Atlas chrétien.

Cette conversation est interrompue par un bruit de cliasse. Uéraclius et Léoiiide s’échappent, excites par la curiosité. Les deux paysans gracieux, c’est-à-dire les deux boutYons de la pièce, viennent parler au bonhomme Astolphe, qui craint toujours d’être découvert. Cintia et Héraclius sortent d’une grotte.

HKUACLIUS.

CINTIA.

HERACLIUS.

CINTIA.

HERACLIUS.

Qu’est-ce que je vois ? Quel est cet objet ? Quel hel animal ! La vilaine bête ! Quel divin aspect !

CINTIA.

Quelle horrible présence !

HÉRACLIUS.

Autant j’avais de courage, autant je deviens poltron prés d’elle.

CINTIA.

Je suis arrivée ici très-irrésolue, et je commence à ne plus l’être.

HÉRACLIUS.

vous ! poison de deux de mes sens, l’ouïe et la vue, avant de vous voir de mes yeux, je vous avais admirée de mes oreilles : qui êtes-vous ?

CINTIA,

Je suis une femme, et rien de plus.

HÉRACLIUS.

Et qu’y a-t-il de plus qu’une femme ? et, si toutes les autres sont comme vous, comment reste-t-il un homme en vie ?

CINTIA.

Ainsi donc vous n’en avez pas vu d’autres ?

HÉRACLIUS.

Non ; je présume pourtant que si : j’ai vu le ciel, et, si l’homme est un petit monde, la femme est le ciel en abrégé.

CINTIA.

Tu as paru d’abord bien ignorant, et tu parais bien savant ; si tu as eu une éducation de brute, ce n’est point en brute que