L’HERACLILS
ESPAGNOL
ou
LA COMÉDIE FAMEUSE
FÊTE
PREMIÈRE JOURNÉE
Le théâtre repre^sento une partie du mont Etna : d’un côte, on bat le tambour et on sonne de la trompette ; de l’autre, on joue du luth et du téorbe : des soldats s’avancent à droite, et Phocas paraît le dernier ; des dames s’avancent à gauche, et Cintia, reine de Sicile, paraît la dernière. Les soldats crient : Phocas vive.’ Phocas répond : « Vive Cintia ! allons, soldats, dites, en la voyant : Vive Cintia.’n Alors les soldats et les dames crient de toute leur force : Vivent Cintia et Phocas !
Quand on a bien crié, Phocas ordonne à ses tambours et à ses trompettes de battre et do sonner en l’honneur de Cintia. Cintia ordonne à ses musiciens de chanter en l’honneur de Phocas ; la musique chante ce couplet :
Sicile, en cet heureux jour^, Vois ce héros plein de gloire, Qui règne par la victoire, Mais encor plus par l’amour.
Après qu’on a chanté ces beaux vers, Cintia rend hommage de la Sicile à Phocas ; elle se félicite d’être la première à lui baiser la main. « Nous sommes tous heureux, lui dit-elle, de nous mettre aux pieds d’un héros si glorieux. » Ensuite cette belle reine, se tournant vers les spectateurs, leur dit : « C’est la crainte
1. Il j a dans l’original, mot à mot :
Que co Mars jamais vaincu, Que ce César toujours vainqueur, Vienne dans une heure fortunée Aux montagnes de Trinacrie.
{JSote de Voltaire.)