482 JULES CESAR.
BRUTUS.
Non, ne m’en parlez pas. Ah ! c’est vous, Piiblius ; allons, prenez courage. Soyez en sûreté, vous n’avez rien à craindre. Ni vous, ni les Romains-, parlez au peuple, allez,
CASSIUS.
Publius, laissez-nous ; la foule qui s’empresse Pourrait vous faire mal ; vous êtes faible et vieux.
BRUTUS.
Allez ; qu’aucun Romain ne prenne ici l’audace
De soutenir ce meurtre, et de parler pour nous ;
C’est un droit qui n’est dil qu’aux seuls vengeurs de Rome.
SCÈNE II.
LES CONJURÉS, TRÉBONIUS.
CASSIUS,
Que fait Antoine ?
TRÉBOMUS,
Il fuit interdit, égaré ; Il fuit dans sa maison : pères, mères, enfants, L’effroi dans les regards, et les cris à la ])ouclie. Pensent qu’ils sont au jour du jugement dernier.
BRUTUS.
destin ! nous saurons bientôt tes volontés.
On connaît qu’on moui ; ra ; l’heure en est inconnue :
On compte sur des jours dont le temps est le maître,
CASSIUS,
Eh bien ! lorsqu’en mourant on perd vingt ans de vie, On ne perd que vingt ans de craintes de la mort,
BRUTUS,
Je l’avoue : ainsi donc la mort est un bienfait ;
Ainsi César en nous a trouvé des amis ;
Nous avons abrégé le temps qu’il eut à craindre.
CASCA.
Arrêtez ; baissons-nous sur le corps de César ;
Raignons tous dans son sang nos mains jusques au coude ’ ;
1. C’est ici qu’on voit principalement l’esprit différent des nations. Cette horrible barbarie de Casca ne serait jamais tombée dans l’idée d’un auteur français ;