Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/490

Cette page n’a pas encore été corrigée

480 jum : s cksar.

Ces gOnuflexions, ces hassos llaUerios,

Peuvent sur un cœur faible avoir quel([ue pouvoir,

Et changer quelquefois Tordre éternel des choses

Dans l’esprit des enfants. Ne t’imagine pas

Que le sang de César puisse se fondre ainsi.

Les prières, les cris, les vaines simagrées,

Les airs d’un chien couchant peuvent toucher un sut ;

I\Iais le cœur de César résiste à ces bassesses.

Par un juste décret ton frère est exilé ;

Flatte, prie à genoux, et lèche-moi les pieds ;

Va, je te rosserai comme un chien ; loin d’ici ’ !

Lorsque César fait tort il a toujours raison.

CIMBER, en so retournant vers les conjurés.

N’est-il point quelque voix plus forte que la mienne. Qui puisse mieux toucher l’oreille de César, Et fléchir son courroux en faveur de mon frère ?

BRUTUS, en baisant la main de César.

Je haise cette main, mais non par flatterie : Je demande de toi que Publius Cimher Soit dans le même instant rappelé de l’exil.

CÉSAR.

Quoi I Crutus !

CASSIUS.

Ah ! pardon. César ; César, pardon ! Oui, Cassius s’abaisse à te baiser les pieds Pour obtenir de toi qu’on rappelle Cimber.

CÉSAR,

Ou pourrait me fléchir si je vous ressemblais :

Qui ne saurait prier résiste à des prières.

Je suis plus affermi que l’étoile du nord,

Qui dans le firmament n’a point de compagnon -

Constant de sa nature, immobile comme elle.

Les vastes cieux sont pleins d’étoiles innombrables :

Ces astres sont de feu, tous sont étincelants,

Un seul ne change point, un seul garde sa place.

Telle est la terre entière : on y voit des mortels,

Tous de chair et de sang, tous formés pour la crainte.

Dans leur nombre infini, sachez qu’il n’est qu’un homme

Qu’on ne puisse ébranler, qui soit ferme en son rang,

1. Traduit fidèlement. (Noie de Voltaire.)

2. Traduit avec la plus grande exactitude. {Xote de Voltaire.)