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4G6 JULES CKSAR.

Il dit qu’avec du bois on prend ces animaux,

Qu’à l’aide d’un miroir on attrape les ours,

Et que dans des filets on saisit les lions :

Mais les flatteurs, dit-il, sont les filets des hommes.

Je le louerai surtout de haïr les flatteurs :

Il dira qu’il les hait, étant flatté lui-même*.

Je lui tendrai ce piège, et le gouvernerai.

J’engagerai César à sortir sans rien craindre.

CASSIUS.

Allons tous le prier d’aller au Capitule.

BnUTUS.

À huit heures, amis, à ce temps au plus tard.

CIXNA.

N’y manquons pas au moins ; au plus tard à huit heures.

CIMBER.

Caïus Ligarius veut du mal à César. César, vous le savez, l’avait persécuté Pour avoir noblement dit du bien de Pompée. Pourquoi Ligarius n’est-il pas avec nous ?

BRUTUS.

Va le trouver, Cimber ; je le chéris, il m’aime : Qu’il vienne ; à nous servir je saurai l’engager.

CASSIUS.

L’aube du jour paraît ; nous vous laissons, Brutus. Amis, dispersez-vous ; songez à vos promesses ; Qu’on reconnaisse en vous des Romains véritables.

BRUTUS.

Paraissez gais, contents, mes braves gentilshommes - ; (Jardez que vos regards trahissent vos desseins ; Imitez les acteurs du théâtre de Rome ; Ne vous rebutez point, soyez fermes, constants. Adieu ; je donne à tous le bonjour, et partez.

(Lucius est endormi dans un coin.)

Hé ! garçon !… Lucius !… Il dort profondément. Ah ! de ce doux sommeil goûte bien la rosée. Tu n’as point en dormant de ces rêves cruels Dont notre inquiétude accablé nos pensées : Nous sommes agités ; ton âme est en repos.

1. L’évêque Warburton, dans son commentaire sur Shakespeare, dit que cela est admirablement imaginé. {Note de Voltaire.)

2. On traduit exactement. — Voyez la lettre de d’Alembert, du 8 septembre 17G’2. (B.)