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ACTE I, SCÈNE VII. 403

Et tous obscurément condamneront César ;

Son joug est trop affreux, songeons à le détruire,

Ou songeons à quitter le jour que je respire.

(Il sort.) (Les deux derniers vers de cette scène sont rimes dans l’original.)

SCÈNE VIL

On entend le tonnerre, on voit des éclairs. CASCA entre, l’épée ; \ la main. CICÉRON entre par un autre côté, et rencontre Casca.

CICÉRO-X.

Bonsoir, mon clier Casca. César est-il chez lui ? ïu parais sans haleine, et les yeux effarés.

CASCA.

N’êtes-vous pas troublé quand vous voyez la terre Trembler avec effroi jusqu’en ses fondements ? J’ai vu cent fois les vents et les fières tempêtes Renverser les vieux troncs des chênes orgueilleux ; Le fougueux Océan, tout écumant de rage, Élever jusqu’au ciel ses flots ambitieux ; Mais, jusqu’à cette nuit, je n’ai point vu d’orage Qui fît pleuvoir ainsi les flammes sur nos têtes. Ou la guerre civile est dans le firmament. Ou le monde impudent met le ciel en colère, Et le force à frapper les malheureux humains.

CICÉRON.

Casca, n’as-tu rien vu de plus épouvantable ?

CASCA.

Un esclave, je crois qu’il est connu de vous,

A levé sa main gauche ; elle a flambé soudain.

Comme si vingt flambeaux s’allumaient tous ensemble,

Sans que sa main brûlât, sans qu’il sentît les feux :

Bien plus (depuis ce temps j’ai ce fer à la main),

Un lion a passé tout près du Capitole ;

Ses yeux étincelants se sont tournés sur moi ;

Il s’en va fièrement, sans me faire de mal.

Cent femmes en ces lieux, immoî)îles, tremblantes.

Jurent qu’elles ont vu des hommes enflammés

Parcourir, sans brûler, la vihe épouvantée.

Le triste et sombre oiseau qui préside à la nuit