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ACTE CINQUIÈME.





Scène I.



LA PRÊTRESSE, YDASAN, auprès du temple sur le devant du théâtre ;
GARDES, dans le fond.


LA PRÊTRESSE.

Exemples étonnants des caprices du sort !
L’un à l’autre inconnus dans ce séjour de mort,
Sous le fer d’un tyran la prison nous rassemble,
Et je ne vous ai vu que pour mourir ensemble !
O père infortuné ! c’est dans ces mêmes lieux,
Dans ce temple où jadis ont descendu nos dieux ;
C’est parmi les débris de leurs autels en cendre,
Que le roi va paraître, et l’arrêt doit se rendre !
Agathocle a voulu que sa servile cour
Solennise avec lui ce déplorable jour.
C’est une fête auguste ; et son âme affligée
Croit par ce grand éclat sa perte mieux vengée :
Il croit apprendre mieux au peuple épouvanté
Que le sang d’un tyran doit être respecté.
Sous sa puissante voix il faut que tout fléchisse ;
Et ce spectacle horrible, on l’appelle justice !

YDASAN.

Prêtresse, croyez-moi, ce violent courroux,
Rassasié de sang, n’ira point jusqu’à vous.
Il est, n’en doutez pas, des barrières sacrées
Dont on ne franchit point les bornes révérées.
Un tyran craint le peuple ; et ce peuple, à mes yeux,
Tout corrompu qu’il est, respecte en vous ses dieux.
De ma fille, après tout, vous n’êtes point complice ;
C’est assez qu’avec elle un malheureux périsse :
C’est ma seule prière ; et le coup qui m’attend